SPA. Ce sigle ne doit plus aujourd’hui signifier grand-chose pour l’écrasante majorité de nos compatriotes, surtout les plus jeunes d’entre eux. Mais, pour ceux qui survivent des anciennes générations, il évoque une structure très familière dont l’action est (était ?) visible de tous, perçue pour ce qu’elle était : une entreprise de bienfaisance, surtout lorsqu’il s’agissait de récupérer des bêtes errantes ou en détresse qui étaient par la suite dirigées sur un refuge qui leur assurait toit, soins et alimentation, au besoin jusqu’à la fin de leurs jours. En clair, cet acronyme signifie Société protectrice des animaux de Tunisie—jam’iyet er-rifk bel hayaouane.
Seulement trois centres fonctionnels
Cette association, fondée, rappelons-le, en 1926 a géré, des décennies durant, 6 centres répartis sur tout le territoire : 2 réservés aux animaux de compagnie (Tunis et Sousse) accueillant des bêtes abandonnées ou recueillies sur la voie publique; et 4 (Gafsa, Gabès, Tozeur et Sidi Bouzid) destinés à héberger les équidés de travail (ânes, mulets, chevaux) fatigués, maltraités, blessés. La SPA, ayant été proclamée d’utilité publique, était même autorisée à ester en justice ceux qui étaient coupables de maltraitance d’animaux. L’association a fonctionné ainsi en bénéficiant du soutien de la puissance publique et des généreuses donations de ses adhérents et de divers sponsors. Mais ce capital s’est érodé au fil des décennies suivant l’indépendance et, pour des raisons financières et matérielles, il a fallu fermer 3 centres (Gafsa, Gabès et Tozeur) sur les 6 énumérés et, depuis 1996, n’étaient fonctionnels que les centres SPA de Tunis, Sousse et Sidi Bouzid.
Sur son site, l’association révèle : «Nos appels répétés auprès des autorités pour venir en aide à notre association et lui permettre de mener à bien ses œuvres sont restés sans suite, depuis de longues années. Aucune aide ne parvient à notre association. Aucun travail sérieux ne peut donc être entrepris pour améliorer la condition animale dans notre pays».
De rares dons faits par quelques hôteliers
N’empêche. Puisant d’ultimes forces dans l’abnégation de ses derniers animateurs, «la SPA mène, depuis plus de dix années, une vaste campagne de stérilisation des chats errants (capture, stérilisation, identification par tatouage, vaccination antirabique, remise en liberté sur site). Aucun budget ne permettant de financer cette campagne, hormis les rares dons de la part de quelques hôtels craignant pour leur image touristique (dans le cas où l’élimination des chats errants dans leur jardin se ferait par d’autres moyens plus barbares…). Cette action s’essouffle à son tour. «De 700 chats errants capturés chaque mois en moyenne entre 1995 et 2002, nous avons revu les chiffres à la baisse (300-400 chats /mois) depuis 2002, faute de moyens financiers et faute de moyens humains (cela va ensemble)». A cause du sentiment de lassitude et d’échec qui s’est emparé de la mini-équipe qui a continué vaillamment à poursuivre cette action, et à cause de l’absence totale de financement et l’impossibilité de continuer sans argent, la SPA de Tunisie a décidé de cesser toutes ses activités.
(A suivre)